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Mégère apprivoisée

20 mars 2011

Emportée par la foule...

   Hier, j'ai pris un bain de foule:

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Qu'attendent-ils? Qui attendent-ils? Ces lecteurs passionnés veulent voir Charles Aznavour, venu dédicacer son livre...

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Oui, hier j'étais au Salon du Livre de Paris, là


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Voilà bien dix ans (au moins) que je me rends régulièrement dans cet endroit bigarré, où se côtoient des lecteurs de tous horizons, de tous âges, des gens qui sont curieux de découvrir de nouvelles têtes et d'autres rassurés de constater que leurs auteurs fétiches ne changent pas trop.

Parmi les stars, Amélie Nothomb avait sorti son truc en plumes...

 

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Elle était attendue par une grande brochette de postpubères gothiques qui lui ont fait des cadeaux, comme des petits gâteaux ou des chocolats... Quelque chose me dit qu'elle va attendre de dépasser largement la date de péremption des nonettes avant de les goûter, je ne sais pas pourquoi  ;)

 

On trouve aussi les stars de la BD et les stars de la télé, comme Pénélope Bagieu (dont j'ai déjà parlé dans ce blog) ou Michel Cymes... 

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J'aime beaucoup l'humour de l'un et de l'autre, dans des domaines complètement différents. J'avoue tomber parfois sur "Le journal de la santé" et le regarder dix minutes, juste pour le plaisir de voir Cymes tester un jeu de mots moyen pour embarrasser sa coéquipière qui a du mal à réprimer un sourire et fait la choquée: "Enfin, Michel!..."

Si vous voulez voir de beaux stands d'éditeurs, il faut aller là, chez Zulma...

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ou là, chez Actes Sud / Babel

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Si vous voulez rencontrer des gens intéressants, allez dire à Blandine Le Callet tout le bien que vous avez pensé d'Une pièce montée...

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... ou saluer R. J. Ellory, un Anglais auteur de polars, qu'une de vos copines n'a pas pu voir et lui dire "My friend C. says hello!", le voir sourire et faire une photo avec vous...

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J'avoue, je n'ai demandé qu'une dédicace à mon nom, et le livre s'appelle Zizi the Kid (vous avez le droit de trouver ça ridicule). Son auteur est David Abiker, qu'on ne présente plus!

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Alors non, je ne suis pas allée voir Marc Lévy (comme beaucoup de mes collègues profs de lettres, je ne suis pas fan du tout), je ne suis pas allée voir Guillaume Musso (je sais qu'il ne faut pas être méprisante mais... non). En revanche je me suis amusée à regarder les longues queues de lecteurs qui attendaient les écrivains médiatiques. J'ai aussi zappé Bégaudeau (beurk), Nicolas Fargues (re-beurk). Une heure avant de quitter les lieux, je suis tombée par hasard sur une vieille connaissance, un écrivain étranger célèbre dans son pays, avec qui je passais pas mal de temps à Paris il y a quinze ans. Nous avons échangé nos coordonnées, il m'a rappelée le soir même, j'étais partie mais je lui ai promis qu'on se reverrait. La magie du Salon... 

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15 mars 2011

Mad Men 2

 

            L’année dernière, ma sœur m’a parlé d’une série intitulée Mad Men. C’était un nom que j’avais lu dans la presse mais comme j’ai beaucoup de mal à suivre une série longue et que Mad Men commençait à accumuler les saisons (elle a été diffusée en juillet 2007 pour la première fois aux Etats-Unis), je ne m’y étais pas intéressée plus que ça… La frangine a insisté : « Tu devrais la regarder, je suis sûre que ça va te plaire ». Elle m’a donc passé deux DVD, correspondant aux deux premières séries, qu’elle avait achetés en Angleterre. Et je suis tombée en pâmoison devant. Vraiment.

 Affiche_Mad_Men

            Pourquoi un tel enthousiasme, me direz-vous ? Eh bien, Mad Men est une série qui déborde de qualités. Elle est intelligente, inventive, drôle et cruelle à la fois. Parce qu’elle nous plonge dans une Amérique qui élit Kennedy et qui entre dans une nouvelle ère. Qui panse les blessures de la guerre et plonge avec délices dans la société de consommation, celle qui est si critiquée aujourd’hui. Parce qu’elle montre que la femme n’est pas encore libérée mais qu’elle ne veut plus être une potiche non plus. Parce qu’elle montre une société qui fait la morale mais peine à tirer des leçons de ses propres erreurs.

 

            Au tout début des années 60, l’agence publicitaire Sterling Cooper, installée à Manhattan sur Madison Avenue, nous présente tout son personnel. On entend le cliquetis des machines à écrire dans une immense salle où s’activent les secrétaires, on voit passer des hommes bien mis dans leurs costumes sombres. Parmi ces personnages, quelques uns se distinguent très vite. La star de Mad Men, c’est le directeur créatif de l’agence, LE fantasme absolu de ces dames, le beau brun ténébreux Don Draper, interprété par Jon Hamm, 40 ans tout juste ce mois-ci

Jon_Hamm

 

          Jon Hamm est un acteur très sympathique dans la vraie vie, et on oubliera qu'en français son nom donne "Jean Jambon"...

Don Draper avec un chapeau…

 Don_Draper_chapeau

 

          Don Draper au bureau dans une pose de penseur…

 Don_Draper_en_penseur

 

            Évidemment, comme Don Draper a une apparence parfaite, il a la famille idoine. Il a eu une fille et un garçon de sa très jolie femme, l’ancien mannequin Betty. Elle est blonde, cela va sans dire. Et pourtant, il a pas mal de secrets à cacher. Dès la première saison, on apprend qu’il a usurpé l’identité du vrai Don Draper et qu’il s’appelle en réalité Dick Whitman (« Dick, that’s an interesting name… » comme le disait Madonna dans le film Dick Tracy). Sa femme au foyer s’ennuie dans sa belle maison bourgeoise, c’est une desperate housewife avant l’heure. Elle cancane avec ses copines qui viennent papoter en bigoudis. Comme son mari, elle fume trop. C’est le début des années 60…

 

            L’autre révélation de Mad Men, c’est la plantureuse Joan, chef de bureau ...

 Mad_Men_femmes

 

Sur la photo, Betty Draper, Joan Holloway et Peggy Olson

 

Son interprète, Christina Hendricks, est devenue une icône sexy. Les hommes aiment ses formes sculpturales (une forte poitrine, une taille de guêpe, des hanches généreuses), les femmes se sont réconciliées avec les leurs. Dans les magazines féminins américains de l’été dernier, on pouvait voir la digne représentante des femmes à formes. Regardez, elle a des seins, elle a des fesses, elle est belle !

 Christina_Hendricks

L’autre personnage qu’il faut retenir, c’est Peggy (troisième sur la photo) la secrétaire faussement naïve dont on découvre l’intelligence et la créativité. Si vous regardez Mad Men, vous verrez qu’il lui arrive des choses très fortes… Vous l'avez compris, il faut regarder Mad Men!

 

13 mars 2011

Mad Men 1

 

Je vous ai abandonnés... La semaine a été très compliquée pour moi et je n'ai pas arrêté de lundi matin à samedi après-midi, quand les Portes ouvertes de mon établissement se sont refermées... Il fallait assurer les cours des 1ère, des 2nde, des BTS, prendre la parole devant mes confrères inscrits au stage théâtre sur Koltès, faire de l'impro avec ces mêmes collègues (en chaussettes sur la moquette!), aller voir la pièce Roberto Zucco dudit Koltès le mardi soir, remettre ça le vendredi soir parce que le directeur du théâtre m'a offert deux places pour me remercier... Et coup de grâce, devoir accueillir les parents et les futurs élèves le samedi matin, pimpante, fraîche comme un gardon!

Je dois dire que j'ai souffert... Devoir regarder DEUX FOIS Alexandre Zeff (Roberto) faire un strip-tease intégral sur scène, ce que les Anglais appellent le full monty, c'est plus qu'éprouvant. Grégory, autre animateur du stage Koltès, y est allé de sa petite remarque perfide: "Eh tu sais, l'acteur, eh ben en fait il est tout petit!". Je lui ai répondu que du haut de mon mètre cinquante-huit je trouvais tout le monde grand...

Zucco___poil

Roberto Succo (le vrai, pas le Zucco de la pièce) était un fou. Il a tué ses proches sans raison. C’était un Italien d’une vingtaine d’années, une vraie gueule d’ange qui donnait la mort. Il s’est suicidé en prison après avoir nargué ses gardiens sur les toits… Je ne sais pas pour vous, mais il me fait penser à l’écrivain américain Jay McInerney…

Roberto_Succo_le_vrai

mcinerney960527

Bon, Jay McInerney (deuxième photo) est beaucoup plus sympa, je peux vous le certifier (je l’ai rencontré en septembre dernier).

Pour rester chez les fous, je suis allée voir True Grit, le film des frères Coen. Quel rapport avec la folie, me direz-vous ? Eh bien, il y a une belle galerie d’obstinés et de doux-dingues dans ce film, comme toujours chez les Coen ... C’est l’histoire d’une gamine qui veut venger la mort de son père, elle s’appelle Mattie et n’a pas la langue dans sa poche. Bref, elle a du « true grit », du cran.

True_Grit_Mattie

Pour retrouver le meurtrier de son géniteur, elle va faire appel à un marshal borgne et teigneux, Rooster Cockburn…

True_Grit_photo_J_Bridges

… sans oublier, last but not least, le Texas Ranger

Matt_Damon_Texas_Ranger_2

Vous avez reconnu évidemment Jeff Bridges et Matt Damon, deux acteurs à qui je voue un culte depuis la vidéo "I'm fucking Matt Damon" (allez voir sur YouTube) et ça... LE DUDE, le "Big Lebowski," en 1997, film des frères Coen aussi!

 The_Dude

Allez voir True Grit si vous aimez les westerns. Celui-là est un remake de Cent dollars au soleil avec le mythique John Wayne et les Coen y ajoutent leur fantaisie personnelle si attachante. Et puis si vous n’aimez pas les westerns, eh bien… allez voir la dernière version des Voyages de Gulliver. Je plaisante, of course.

  True_Grit_Wayne

 

25 février 2011

Music for men

 

Ceux qui me connaissent savent que je préfère l'électro au rock... J'ai écouté le dernier album de Gossip, Music for men, plutôt classé dans le rock indépendant, et il y a là-dedans des choses qui me plaisent énormément. La voix de Beth Ditto a une puissance! Je vous laisse écouter...

23 février 2011

Au théâtre ce soir

Deux écrivains occupent mes pensées en ce moment. L’un parce que je lis un roman policier dont il est le héros, l’autre parce que je dois l’étudier pour présenter un travail dans le cadre d’un stage de théâtre destiné aux enseignants. Tous deux morts prématurément, ils avaient une sexualité qui n’était pas socialement acceptée et qui a fini par les tuer, directement pour l’un, indirectement pour l’autre. Tous deux précoces, ils ont écrit des œuvres importantes avant l’âge de quarante ans. Tous deux curieux et voyageurs…

 

Oscar Wilde fait partie de mes premières émotions littéraires. Je l’ai découvert à l'adolescence et je l’ai trouvé drôle, cultivé, raffiné. J’ai lu avec passion Le Portrait de Dorian Gray et ses pièces de théâtre. En Angleterre j’ai trouvé un livre magnifique sur lui, avec des photos splendides, que j’aime feuilleter de temps à autre. Je parle régulièrement de Wilde à mes lycéens. Je ris de ses aventures à l’étranger, j’observe avec attention ses vêtements, je suis émue par l’affection qu’il portait à sa femme et à ses enfants même s’il a vécu une passion dévorante pour un jeune homme. Je suis révoltée que les juges lui aient fait payé si cher le fait qu’il soit un « inverti ». Je comprends que les Irlandais et les Anglais soient fiers de le compter parmi leurs grands écrivains.

Oscar_manteau_fourrure

 

 

Je suis actuellement ravie de découvrir le nouveau roman de Gyles Brandreth intitulé Oscar Wilde et le cadavre souriant. C’est le troisième opus, après Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles et Oscar Wilde et le jeu de la mort. Spécialiste du dandy irlandais, Brandreth met son érudition au service de romans policiers dans lesquels Wilde côtoie Arthur Conan Doyle et d’autres figures majeures de l’époque. C’est intéressant, agréable à lire, haletant comme tout bon polar. Dans Le cadavre souriant, l’auteur nous entraîne aux Etats-Unis puis à Paris, dans le monde du théâtre. Sarah Bernhardt accueille ses hôtes britanniques, leur propose de venir voir son lion domestique (qui s’appelait Victor Hugo !), rappelant que la star de l’époque, c’est elle. Je n’ai pas fini le livre, mais j’ai hâte de savoir qui a fait quoi…

 

Meurtre_aux_chandelles

 

Jeu_de_la_mort_2

Cadavre_souriant

Bernard-Marie Koltès, disparu en 1989 à l’âge de 41 ans, était un homme discret qui écrivait des œuvres d’une grande violence. Sa dernière pièce, la plus connue, intitulée Roberto Zucco, est bientôt représentée dans ma ville. À cette occasion, un stage de théâtre est organisé, mettant à l’honneur le contexte si particulier de la pièce, mais aussi sa mise en scène et la connaissance qu’on peut avoir de son auteur. Quand la pièce a été créée, elle fut interdite à Chambéry, près de l’endroit où le célèbre meurtrier italien venait de commettre ses crimes. Roberto Zucco dérange. Comment parler d’un homme qui a commis l’irréparable ?

On m’a chargée de constituer un dossier biographique et bibliographique de Koltès pour le stage. J’ai commencé à m’atteler à la tâche, pensant que ce serait intéressant de creuser un peu… Je ne savais que peu de choses de l’homme avant d’engager mes recherches : il est l’auteur de Combat de nègre et de chiens, de Roberto Zucco et d’autres pièces dont je n’avais pas toujours bien retenu les titres. Il a beaucoup voyagé et il est mort du SIDA. Point final. Il fallait que j’approfondisse, bien sûr…

Je me suis heurtée à un mur. On sait peu sur Koltès. Comme l’explique Michel Piccoli dans une émission culturelle de Laure Adler en 1995, une vidéo que j’ai trouvée sur le site de l’INA, Koltès ne parlait pas de lui, « et c’est tellement rare chez les écrivains que cela mérite d’être signalé », ajoute le comédien. Et c’est vrai. Si les Éditions de Minuit n’avaient pas publié des entretiens donnés par l’auteur à la presse et rassemblés sous le titre Une part de ma vie, je n’aurais pas grand-chose… Je n’ai pas encore fini mes recherches, le travail avance doucement, mais j’ai découvert avec ravissement les photos qu’on peut trouver sur Internet et qui témoignent de la grâce et de la jeunesse de Koltès. Je vous en montre quelques unes, vous me comprendrez, je pense.

Kolt_s

Kolt_s_visage

Kolt_s_en_pied

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20 février 2011

Bored to Death

    Les vacances tant attendues sont là... Je me sens bizarre, tellement de choses m'ont occupée dernièrement que j'éprouve le besoin de rester chez moi, lire, regarder des films que je ne parviens pas à voir parce que les copies et les préparations de cours en BTS m'occupent parfois jusqu'à minuit... Les vacances sont aussi l'occasion de tenir un peu à jour ce blog, lu par très peu de monde mais que j'ai plaisir à alimenter avec mes découvertes récentes...

   J'ai du mal à suivre des séries TV longues. Surtout quand les épisodes sont eux-mêmes longs, avec un format contraignant. Mais je sais être fidèle quand je tombe sur quelque chose comme ça


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Qui sont ces garçons, me direz-vous? Des New-Yorkais un peu particuliers. Celui de gauche, le plus corpulent et le plus âgé, s'appelle Ray, il est en pleine crise affective avec sa copine, qui lui reproche de s'être laissé embarquer dans une histoire de don de sperme pour un couple d'amies lesbiennes. Le second, Jonathan Ames, aime un peu trop les joints et le vin blanc, et s'est fait larguer par sa très jolie compagne, peu convaincue des bienfaits de la marijuana ("Tu sais qu'on en donne aux gens qui ont un cancer?" explique Jonathan. "T'as un cancer, peut-être? - Non, mais ça pourrait m'arriver!"). Ces deux charmants losers ont un copain taraudé par l'arrivée de la soixantaine, George...

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Les trois compères ont décidé que leur vie allait changer. Ou plutôt, Jonathan prend des initiatives qui vont avoir des répercussions sur l'existence des deux autres... Célibataire dans son appartement de Brooklyn, vaguement écrivain (il a publié son premier roman, l'éditrice attend la suite), vaguement alcoolique et embué par la fumette, il décide de se faire passer pour un détective privé sur le site Craigslist et... découvre avec stupéfaction que ses services intéressent pas mal de gens. Au fil des épisodes, il loue son savoir-faire très limité, s'habille comme Humphrey Bogart et demande une somme si dérisoire qu'il ne rentre jamais dans ses frais...

Bored To Death est une série réussie, pleine d'humour et de références littéraires. Créée par Jonathan Ames lui-même (un vrai écrivain, à la vie bien plus trash que celle de son personnage), elle met en scène trois excellents comédiens: Jason Schwartzman (neveu de Francis Ford Coppola, cousin de Sofia qui lui a confié le rôle de Louis XVI dans son Marie Antoinette), Zach Galifianakis (nouveau trublion de la comédie US avec son air de nounours) et Ted Danson, qui s'est longtemps employé à jouer dans des trucs médiocres (Made in America avec Whoopie Goldberg dans les années 90) mais qui donne au personnage de George un panache remarquable. George est peut-être mon personnage préféré d'ailleurs... Je vous laisse sur l'image des deux tourtereaux: que va-t-il se passer quand Jonathan aura fait ses preuves en tant que détective?

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16 février 2011

Le cygne noir

Samedi dernier, je suis allée voir ça

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Je ne vous cacherai pas que j’y allais avec enthousiasme et appréhension. C’est au réalisateur, Darren Aronofsky, que l’on doit le magnifique et terrifiant Requiem for a dream il y a dix ans. J’étais allée le voir sur grand écran, dans le ciné d’art et d’essai de ma ville, et le copain qui avait voulu m’accompagner s’était penché vers moi dix minutes avant la fin du film en murmurant : « Je t’attends dehors ! »… La chochotte que je croyais être a finalement avalé les dernières minutes infernales. J’étais envoûtée par la musique entêtante et répétitive de Clint Mansell. Le copain, lui, n’a pas attendu d’assister à l’amputation du héros, il en avait assez vu comme ça…

Et voici que cette année arrive le film annoncé comme le digne successeur de Requiem… La mention des nominations aux Oscars, aux Golden Globes accompagne le beau visage photoshopé de Natalie Portman sur l’affiche. C’est une histoire de danseuse, or je danse en amateur depuis longtemps et j’ai un immense respect pour les danseurs professionnels. À mon modeste niveau, je sais ce que c’est d’avoir les pieds qui saignent après une bonne séance de pointes. Or la souffrance du corps est présentée dans la bande annonce comme l’un des sujets majeurs du film. Comme dans The Wrestler en un sens, film dans lequel Aronofsky a fait tourner le très abîmé Mickey Rourke. En réalité, c’est la souffrance mentale qui est la star du film, puisque Nina, la danseuse étoile incarnée par Natalie Portman, est schizophrène. Et on le comprend très tôt dans le film. Quelques scènes ont l’air de n’avoir été tournées pratiquement que pour dire au spectateur « Attention, cette fille ne va pas bien ». On peut trouver que cela manque de finesse, mais c’est aussi l’occasion d’introduire des effets spéciaux plutôt réussis.

L’histoire : Nina est une danseuse new-yorkaise à qui son professeur, le Frenchie Thomas Leroy, confie non sans avoir beaucoup hésité, le rôle de la reine des cygnes dans le très prestigieux Lac des Cygnes. Il la voit bien en cygne blanc, beaucoup moins en cygne noir. Elle n’est pas assez méchante, pas assez sexuelle pour ça. Il lui pose des questions très intimes, lui donne du travail à la maison, très intime aussi… Or Nina est une adulte qui vit dans une chambre de gamine rose bonbon, avec une mère seule, ancienne danseuse ratée. Je ne pensais pas qu’une telle chambre, remplie de peluches surdimensionnées, pouvait être aussi flippante. Quelqu’un comme Kubrick aurait pu avoir ce genre d’idée, filmer de façon angoissante un lieu inoffensif. Parfois Black Swan fait penser à The Shining… Le malaise et l’horreur peuvent surgir brutalement.

Nina a une amie, Lily, qu’elle voit comme une rivale, parce que Lily a cette sensualité qui lui fait tant défaut. Nina contemple avec inquiétude son dos griffé, marqué, et commence à avoir des envies de violence incontrôlables… Je n’en dis pas plus pour celles qui n’ont pas encore vu le film et seraient tentées…

Le film ne manque pas de qualités à mes yeux, mais il n’a pas la force de Requiem. C’est aussi un cauchemar, un très beau cauchemar même, mais qu’on peut percevoir comme un peu ridicule par moments sur la fin (était-il bien nécessaire de tordre les jambes de Nina pour les faire ressembler à des pattes de cygne ?). Sa grande force, ce sont ses interprètes, à qui on ne peut pas reprocher grand-chose : Natalie Portman y a trouvé le rôle de sa vie (elle en rêvait depuis dix ans, ai-je lu, et je ne suis pas étonnée) et Vincent Cassel joue parfaitement le professeur de danse vénéneux et exigeant, avec un accent anglais très correct, ce qui ne gâche rien (j’ai vu le film en VO, ô joie). Rappelons que Vincent est le fils de feu Jean-Pierre, excellent danseur lui-même…

5 février 2011

Heureux qui, comme Asterios...

   Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de ça:

9782203029774

   Avant, on aurait dit que c'était une BD. Aujourd'hui, c'est un "roman graphique", appellation plus chic qui désigne une bande dessinée destinée aux adultes, assez recherchée dans le trait comme dans le contenu. Ici, pas de princesse, pas de monde mystérieux, pas d'interrogation sur le monde vu par les yeux d'un enfant. Quoique...
   Asterios Polyp, un architecte cérébral, est un homme qui voit son appartement disparaître par le feu... Son mariage a été un échec, son logement, tout en lignes symétriques, témoignait d'une obsession formelle qui faisait de lui une sorte d'autiste, et comble du malheur, il a cinquante ans. Il est temps pour cet homme à l'apparence froide de faire le bilan de sa vie. De revenir sur ce vrai jumeau mort à la naissance dont il n'a jamais accepté la perte... Sur ses parents, ces immigrés grecs dont il se sent à la fois si éloigné et si proche. Pourquoi son union avec la belle métisse Hana ("Fleur" en japonais) a-t-elle été un naufrage? Asterios va devenir apprenti mécanicien chez des Américains pas si moyens que ça et essayer de se réconcilier avec lui-même...

   Tout m'a plu dans cet ouvrage. David Mazzucchelli, l'auteur-dessinateur, connu pour ses comics (Batman, Superman) utilise un trait qui change d'une page à l'autre, des couleurs qui varient aussi d'une page à l'autre, un lettrage original... C'est une très belle découverte, qui a illuminé ce début de week-end sous un ciel désespérément gris.

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4 février 2011

Femme à lunettes

lunettes

Longtemps j’ai porté des lunettes. Pas des petites binocles discrètes, légères, mutines. Non, les gros machins qui vous rétrécissent le visage tellement les verres corrigent votre myopie. Les affreuses montures en écaille que seul Elton John peut trouver agréables à porter. Quand je parvins à l’âge de raison, l’instituteur, qui était aussi un ami de ma mère, remarqua que je plissais anormalement les yeux quand je recopiais ses phrases au tableau. J’eus donc droit à un test optométrique à la maison, réalisé par mes géniteurs eux-mêmes : « Et là, tu vois ce qui est écrit en bas de l’écran ? Tu arrives à lire ? ». Ce jour-là, la télévision a changé radicalement pour moi. Jusqu’à ce moment fatal, elle n’était qu’un divertissement, un objet du salon certes laid mais inoffensif. Un carré gris qui s’allumait comme par magie pour m’offrir les images que j’attendais. L’écran de télé est devenu un ennemi parce qu’il confirmait ce que tout le monde craignait : j’étais myope.

 Il m’a fallu un certain temps pour accepter la chose. Au début des années 80, la mode était aux grosses bésicles vert pomme ou orange flashy. Tout le contraire de la discrétion que je voulais imposer à ce petit handicap. J’aurais aimé négocier, mais j’étais très jeune et les pince-nez étaient devenus introuvables (j’avoue d’ailleurs m’être arrêtée un moment sur celui de Lawrence Fishburne dans « Matrix » il y a une dizaine d’années…). Je sortis donc de chez l’opticien, malheureuse de devoir bientôt arborer cette épaisse monture vert bouteille (j’ai les yeux verts, donc ça m’allait bien, pensaient les adultes), vexée d’avance à l’idée que tout le monde allait me regarder différemment.

Il faut dire que dès cet âge tendre, j’ai développé une vraie myopie, qui s’est encore aggravée au fil du temps. Sans lunettes le monde est flou, je vois tout en David Hamilton. Cela a son charme, me direz-vous. Enfin, ceux qui disent cela ne sont généralement pas aussi myopes… Moi je vois très bien de près, c’est normal. Les myopes voient mieux de près que les autres. Pour corser un peu les choses, et parce que je n’aime pas faire comme tout le monde, je suis également légèrement astigmate d’un œil. Ah oui, là c’est vraiment original, diront les grands esprits… La myopie c’est devenu banal, surtout depuis que les gens s’usent les yeux devant leur ordinateur. Il est donc important de ne pas être QUE myope.

J’ai porté des lunettes pendant dix bonnes années. C’était un calvaire. Elles se salissaient constamment, prenaient la pluie dans une région où l’humidité est constante, une vraie plaie pour une maniaque de la propreté comme moi. J’ai essayé plusieurs styles : les grandes, les épaisses, les fines, les à peu près discrètes, les presque transparentes. Je n’ai jamais trouvé celles qui me convenaient. Ou plutôt, non : j’aimais les lunettes posées sur leur support chez l’opticien, mais quand je les mettais elles me rendaient hideuse et je leur en voulais. Vraiment.

A dix-huit ans tout juste, j’ai décidé d’arrêter tout ça et j’ai découvert ces petits ronds transparents qui adhèrent à l’œil et lui rendent toute la subtilité du monde. J’ai vu les autres différemment. Ils m’ont vue différemment. Jamais on ne m’a autant dit que j’avais de beaux yeux. Petite, c’était une flatterie que je n’entendais jamais.

30 janvier 2011

Et si c'était niais?

Comme je n'ai pas beaucoup le temps d'écrire en ce moment, voici un texte que j'avais écrit sur un autre blog quand le livre dont je parle est sorti... Si vous ne connaissez pas Fioretto, lisez-le!

Et_si_c__tait_niais

PASTICHE : n.m.: Œuvre littéraire ou artistique dans laquelle l’auteur a imité la manière, le style d’un maître, par exercice de style ou dans une intention parodique (Petit Robert). Aujourd’hui on lit peu de pastiches. Il faut dire que le genre suppose une connivence entre celui qui écrit et celui qui lit. Il faut une accoutumance, une familiarité, des indices qui rendent les clins d’œil possibles. C’est un truc d’initiés, une pratique qui fait penser à Proust, vous savez, le type qui mangeait des madeleines…

En 2008, celui qui veut lire ses contemporains a le tournis : avec plusieurs milliers de romans qui sortent chaque année dans l’Hexagone, le pauvre amateur de bouquins ne sait plus vers qui se tourner. Il y a bien les valeurs sûres, les classiques, les Victor Hugo, Molière et consorts. Mais pour certains ces noms-là engendrent d’emblée des migraines atroces, des souvenirs douloureux de cours de français avec Mme Machin, la vieille binoclarde qui s’exaltait devant un texte à commenter et qui était bien la seule dans la classe. Heureusement qu’aujourd’hui, nous avons des guides : les journalistes littéraires de la radio et de la télé, les fameux « coups de cœur » des libraires, les conseils de Tata Jeannine. Et pourtant…

Pourtant certains restent dubitatifs : toutes ces incitations à lire Truc et Bidule, ce ne serait pas un tout petit peu dicté par une logique commerciale ? N’y aurait-il pas une pression des éditeurs pour que leurs poulains soient chouchoutés ? Les obscurs, ceux qui publient à compte d’auteur dans une petite maison d’édition que personne ne connaît, pourquoi n’ont-ils jamais l’immense satisfaction que doit représenter une invitation chez Denisot ? Hein, pourquoi on ne les voit jamais dans les endroits en vue, pourquoi ils ne reçoivent pas le Prix de Flore ?

Beaucoup d’appelés, peu d’élus. La littérature, c’est comme Dallas : un univers impitoyable. Aujourd’hui, si votre nom est célèbre et votre livre médiocre, vous avez plus de chances d’être publié que si vous êtes l’auteur inconnu d’un livre formidable. Un grand écrivain est un écrivain célèbre… C’est le syndrome Star Academy. Il y a donc des célébrités de la littérature. Et quand on est une célébrité, on est parfois gentiment égratigné. C’est ce qu’a fait Pascal Fioretto avec son recueil de pastiches Et si c’était niais ?, titre que les plus avertis d’entre vous auront compris comme un clin d’œil à Marc Lévy. Fioretto fait partie de ceux qui savent écrire mais ne passent pas à la télé. C’est un nègre, quelqu’un qui sait écrire et se met au service de ceux qui n’ont pas ce talent mais veulent que leur nom apparaisse sur la couverture du bouquin. Vous savez, quand Johnny Hallyday ou Loana écrivent leur autobiographie « avec l’aimable collaboration de… ». Eh bien c’est l’homme de l’ombre qui se tape tout le boulot.

Cette fois, Pascal Fioretto met son nom sur la couverture, pour rendre un hommage un peu empoisonné à toutes les célébrités médiatiques de la littérature actuelle. Il a changé les noms, mais si vous fréquentez régulièrement le rayon livres de la Fnac, vous retrouverez les vrais sans problème. J’appelle donc les stars de Si c’était niais à la barre : Denis-Henri Lévy, Christine Anxiot, Fred Wargas, Marc Lévis, Mélanie Notlong, Pascal Servan, Bernard Werbeux, Jean d’Ormissemon (de la française Académie), Jean-Christophe Rangé, Frédéric Beisbéger et Anna Galvauda. Et là, votre grand frère (qui ne lit jamais rien et regarde cette liste par-dessus votre épaule) s’exclame « Ah mais oui, lui je le connais ! ». Normal : si vous ne lisez pas ces auteurs, il y a de grandes chances que vous ayez vu l’adaptation cinématographique de leur chef-d’œuvre (cf. Les Rivières pourpres de Grangé ou 99 francs de Beigbeder).

Il ne faut pas croire que Fioretto se livre à un pur exercice de style : son livre comporte une VRAIE histoire. Le commissaire Adam Seberg enquête sur la disparition de tous ces écrivains, dans un livre où chaque chapitre est pris en charge par l’un d’eux. Vous voyez le jeu de miroirs… Le pasticheur s’est bien amusé avec les titres. Parmi mes préférés, on trouve Tais-toi si tu veux parler (souvenir de l’auteur de polars Fred Vargas bien sûr, rebaptisée Wargas, dont on aura reconnu l’usage de l’impératif et le sens de la menace), Hygiène du tube (et tout le tremblement) – arriver à mélanger ensemble trois titres de Nothomb, c’est fort – ou encore le métaphorique et hilarant Ils ont touché à mes glaïeuls de Pascal Servan, clone du présentateur mondain de « La Chance aux chansons », qui était écrivain à ses heures comme chacun sait.

Fioretto attribue à chacun de ses personnages une obsession, un défaut, une figure de style involontaire au non. Et quand on connaît les modèles, c’est très drôle. Denis-Henri Lévy ne jure que par les Etats-Unis, Charles Baudelaire et fait du name dropping philosophique. C’est un grand narcissique qui s’écoute parler, comme le suranné et aristocratique Jean d’Ormissemon dont le nom préfigure son côté soporifique pour l’interlocuteur. Christine Anxiot est une hystérique qui parle de sexe, une castratrice qui menace ses amants de balancer à ses nombreux lecteurs leur nom et leur adresse, qui pratique une écriture hachée particulièrement désagréable mais aussi très drôle : « On a fait l’amour dans une serviette de bain. Encore que. Elle était grande. Pas sa queue. La serviette. Encore que. » Parfois, c’est une véritable anecdote qui inspire l’écriture : si Mélanie Notlong mange des aliments périmés, c’est parce qu’Amélie Nothomb a déclaré un jour à la presse qu’elle adorait les fruits pourris… De même, si Pascal Servan se montre aussi souvent politiquement incorrect, c’est parce que son modèle avait tenu des propos racistes (la fameuse « bite des Noirs » (sic) responsable des malheurs de l’Afrique), propos qui avaient fait travailler les médias… Parfois le détournement  du nom est facile : le Danglard de Fred Vargas devient inévitablement chez sa consoeur imaginaire Fred Wargas le « lieutenant Glandard ». Beisbéger est BCBG.

Le prof de français qui lit ces pastiches a de quoi se réjouir : lui qui se demande tous les ans comment il peut faire apprendre les figures de style à ses lycéens en étant efficace et pas trop rébarbatif, il peut puiser abondamment chez Fioretto : Bernard Werbeux est le roi du pléonasme (« En regardant par la fenêtre ouverte, il vit dans l’aube le jour naissant qui se levait ») et du zeugme, procédé moins connu qui consiste à associer le concret et l’abstrait à partir d’une même base verbale (« - Pas de soucis, mon ange gardien me protège ! répondit-il en caressant le visage de sa femme, la tête de ses enfants et le projet de prendre une assurance-vie »). Parfois, on a recours à des métaphores, mais c’est moins fin et un peu facile (Pascal Servan : « Je vais pouvoir rappeler le plombier de Mézieux-la-Gourde. Celui qui est si bien outillé »). Frédéric Beisbéger, en bon publicitaire, aime les jeux de mots pourris (« je patiente au bord de l’amer ») mais parfois littéraires (« Moi, j’attends devant le désert de mon tartare », précise-t-il à table).

Enfin, tous ces écrivains ont leur univers : glauque (Jean-Christophe Grangé), mondain et démodé (Jean d’Ormessemon), mondain, démodé et de mauvais goût (Pascal Servan), japonisant et mystérieux (Mélanie Notlong), misérabiliste (Anna Galvauda).

 

C’est donc tout un petit monde littéraire contemporain qui est ici ridiculisé, avec ses grandes préoccupations et ses petites poussées narcissiques. Reste que dans cette histoire de disparition d’écrivains, qui constitue le fil de l’intrigue, il en reste un qui n’a pas été mentionné : Michel Houellebecq (à vous de rebaptiser son alter ego). Pourtant, il y aurait de la matière. Cher monsieur Fioretto, pouvons-nous compter sur la possibilité du livre ou l’extension du domaine du pastiche ?

 

Pascal Fioretto, Et si c’était niais ?, Pocket, 2008.

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